L’immobilier, avec l’emploi, reste l’une des préoccupations majeures des français comme en attestent les sondages qui fleurissement à droite et à gauche. Un exemple parmi d’autres. Le premier promoteur français a fait plancher l’institut Ipsos sur le sujet. Il en ressort qu’une très écrasante majorité de français sont favorables à la relance de programmes de construction de logements sociaux (88%), d’accession à la propriété (85%), ou encore de logements pour étudiants (70%). Il serait amusant de poser les mêmes questions aux citoyens en leur précisant que les futurs programmes seraient dans leur quartier. On assisterait certainement à une vague de protestations, manifestation du syndrome NIMBY : « Not In My Back Yard » – « pas dans mon jardin » -. N’oublions pas que la France est championne du monde des recours contre les permis de construire. Passons.
Si les Français ont la truelle à la main, c’est qu’ils ont compris – ou pire qu’ils vivent les affres de la crise du logement. Une crise matérialisée par une dichotomie entre l’offre et la demande. L’une reste malthusienne quand l’autre explose littéralement. Dans une économie de marché, cela se traduit par une forte tension sur les prix à peine mis à mal par la crise de 2008. D’autant que le service public – les HLM – n’arrive pas à prendre le relais. Nicolas Sarkozy a identifié ce handicap majeur de notre économie, car premier frein à la mobilité. S’il clame sa volonté de faire baisser les prix de l’immobilier, il ne propose que des mesures symboliques comme le bonus de constructibilité de 30%. C’est un peu comme si vous voulez éteindre un incendie de forêt… avec un pistolet à eau.
Cette quête de l’offre n’est abordée qu’au travers du prisme de la construction. Certes, il faut recharger le parc de logements de demain tout en contribuant à encourager l’emploi dans le bâtiment. Pour autant, face à l’urgence, il faut s’armer de patience. Réinventer un dispositif du type Scellier – comme les promoteurs en sont persuadés – au lendemain de l’élection, ne gommera pas l’année blanche que nous allons connaître en 2012. Donner gratuitement les terrains de l’Etat pour en faire du logement, comme le propose François Hollande, n’exonère pas des procédures légales en matière de droit de l’urbanisme. Aussi, les résultats d’une politique volontariste de construction – quelle qu’elle soit – ne feraient sentir ses premiers effets que dans quelques années. A la fin d’un quinquennat au mieux.
A aucun moment, les candidats n’ont cherché à s’appuyer sur les investisseurs privés. Et pourtant, les propositions de leurs représentants ne manquent pas d’intérêt. La Fnaim propose ainsi un « bail puissance 3 ». En contrepartie de loyers modérés, pour une durée au moins égale à neuf ans, les bailleurs bénéficieraient d’un régime d’amortissement spécifique : une déduction spécifique de 100% au titre des revenus fonciers, un régime dérogatoire de taxation des plus-values et même, en zone tendue, un système de non prise en compte de la valeur du logement dans le patrimoine du bailleur » pour le calcul de l’ISF. La proposition est alléchante. Elle pourrait permettre d’abonder l’offre locative sociale de 100 000 logements. C’est aussi la manifestation de la solidarité des petits propriétaires-bailleurs, loin de l’image de spéculateurs qu’on veut trop facilement leur coller. N’est pas Goldman Sachs qui veut.